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Expérimentations au Musée Arkéos de Douai

Fin mai, notre équipe a eu le plaisir d’être accueillie par le musée Arkéos de Douai pour une semaine placée sous le signe de l’expérimentation! L’occasion pour nous d’approfondir nos divers sujets de recherche tout en présentant la démarche expérimentale auprès du public du musée.

Durant cette semaine, nous avons eu le plaisir d’accueillir Yinghua Li, professeure à l’université de Wuhan, et deux de ses étudiantes, ainsi que Sonja Tomasso et Marcel Schemmer de l’université de Liège. Durant notre séjour, nous avons également pu visiter l’exposition « Néandertal fait son chaud », une très belle expo qui apporte un éclairage sur la relation entre l’Homme de Néandertal et son environnement durant les 200 000 ans du Paléolithique moyen dans le Nord-Est de la France.

L’équipe d’Arkéos nous fait visiter le parc du musée, et en particulier le portus, où nous nous sommes installés pour la semaine (Cliché : D. Hérisson).

Nous nous sommes répartis autour de cinq ateliers abrités sous les tentes d’artisans du portus reconstitué au sein du parc du musée. Ces différents ateliers combinaient plusieurs problématiques communes.

La quête du gras

Cet atelier visait à reproduire différentes techniques de fracturation de l’os afin d’obtenir de la moelle osseuse ainsi que des supports d’outils en os au paléolithique moyen. Sous la direction des Bénédicte Voetzel et avec l’aide de beaucoup de bras, des dizaines d’os ont ainsi été fracturés puis traités sur place pour être analysés ensuite en laboratoire. Certains supports en os ont été directement récupérés par Marie-Pauline Vignes pour être utilisés dans la foulée dans une expérimentation sur les retouchoirs en os dans la confection d’outils en silex.

« La quête du gras » : Préparation d’un os pour fracturation sur enclume (Cliché : D. Hérisson)
« La quête du gras » : Expérimentation de confection d’outils à l’aide de retouchoirs en os obtenus par fracturation (Cliché : D. Hérisson)

Sur la trace des pierres gravées

Avec quels outils sont faites les gravures sur pierre du paléolithique supérieur, et quelles traces ces gestes laissent sur les outils? Ce sont les questions que s’est proposé d’explorer Nicolas Melard à travers cet atelier. Il a ainsi pu tester différents outils, différents gestes et différents supports de gravure (plaquettes en schiste et en calcaire) pour répondre à ces questions.

« Sur la trace des pierres gravées » : test de gravure sur plaquette (Cliché : N. Melard).
« Sur la trace des pierres gravées » : gravures sur plaquette de calcaire ocrée (Cliché : A. Vincent-Pennec)

Se fendre en quatre

Sur cet atelier piloté par Margot Damery, ce sont les techniques de fendage de l’os et du bois animal qui sont à l’épreuve. Il s’agit de détacher des segments longs d’os ou de bois à l’aide d’un outil intermédiaire. Ces supports sont ensuite destinés à la fabrication d’autres objets, comme par exemple des sagaies. Métapodes de cheval, côtes de renne, bois de cervidés, les différentes techniques de fendage ont pu être expérimentées tout au long de la semaine. Les traces laissées sur les outils et sur les supports pourront être ainsi comparés au matériel archéologique afin de retrouver les techniques de fendage utilisées à la fin du paléolithique supérieur.

« Se fendre en quatre » : fendage d’un metapode vestigial de cheval (Cliché : A. Vincent-Pennec)
« Se fendre en quatre » : fendage de bois de renne (Cliché : A. Vincent-Pennec)

Silex taillé ou pierre taillée?

On connaît des outils en pierre du paléolithique essentiellement par le silex. Mais ce n’est pas, loin s’en faut, le seul matériau lithique à avoir été taillé par le passé. Grès, calcaire, quartz, ou même roches volcaniques sur le continent africain, la panoplie de ce qui a pu être taillé est très vaste. Sophie Clément, Amélie Da Costa et Louis De Weyer se sont donc retrouvés autour de cette question. Et pour mettre leurs différents outils à l’épreuve, quoi de mieux que de dépecer… des pattes d’hippopotame!

« Silex taillé ou pierre taillée ? » dépeçage de pattes d’hippopotame à l’aide d’outils en pierre taillée (Cliché : D. Hérisson).
« Silex taillé ou pierre taillée ? » Tentative de confection d’un outil à l’aide d’un os d’hippopotame fraîchement dépecé (Cliché : A. Vincent-Pennec).

Manche, manchon et outil Levallois

Au paléolithique moyen, tous les outils n’étaient pas directement pris en main! Problème: les manches et manchons associés aux outils de cette période, faits en matière organique, ne se conservent pas à travers le temps. La question de l’emmanchement était donc au cœur de cet atelier coordonné par Daniele Aureli. Il s’agissait de produire du brai de bouleau, une colle confectionnée à partir d’écorce de bouleau, afin de pouvoir fixer outils en silex et manches ensemble, et d’utiliser ensuite les outils obtenus dans des activités de boucherie. Les traces que ces activités ont laissés sur les outils expérimentaux pourront permettre ainsi des comparaisons avec le matériel archéologique et permettre ainsi de reconstituer des modalités d’emmanchement qu’utilisaient les populations néandertaliennes.

« Manche, manchon et outil Levallois » : Fabrication du brai de bouleau (Cliché : A. Vincent-Pennec).
« Manche, manchon et outil Levallois » : Présentation de l’atelier auprès du public scolaire (Cliché : D. Hérisson).

Il reste maintenant à analyser toutes les données que nous avons pu récolter durant cette semaine, et à plonger au cœur des réponses que peut nous apporter la démarche expérimentale.

AnTET remercie chaleureusement l’équipe du musée Arkéos de Douai pour son accueil et sa disponibilité tout au long de la semaine, ainsi que tous les collègues venus prêter main forte et nous rendre visite sur les divers ateliers. Les échanges ont été passionnants et fructueux!


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
rodolphehoguin (1 juillet 2024). Expérimentations au Musée Arkéos de Douai. Le carnet d'AnTET. Consulté le 29 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/11x0w


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